Le manioc béninois suscite d’attraction de par les opportunités qu’il présente aux entreprises. Les acteurs de la filière ambitionnent véritablement d’industrialiser la transformation de cette denrée dont la production s’intensifie au niveau mondial. Le sujet a fait l’objet d’un débat économique jeudi 2 mars.
Il fait partie des six filières phares à valoriser par le gouvernement béninois. Le manioc a un fort potentiel qui malheureusement n’est pas suffisamment exploité au profit de l’économie nationale et des producteurs en premier lieu. Alors que ce produit présente une flopée d’opportunités dans les chaînes de valeur agricoles mondiales.
« […] Par exemple avec la farine du manioc, on peut faire une substitution au blé que nous ne produisons pas. Avec le manioc, on peut fabriquer du spaghetti ; de l’amidon pour faire beaucoup de choses. Nous avons besoin de transformer le manioc. Nous avons la chance que le manioc soit produit partout au Bénin. C’est une grande opportunité », a déclaré Koukou Dodji Hyppolyte, coordonnateur de l’OCIS.
L’OCIS est l’Observatoire du commerce de l’industrie et des services, un organe mis en place par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCI Bénin). Cette dernière, en accord avec la Chambre d’Agriculture du Bénin (CAB), a organisé le débat économique du jeudi 2 mars 2023 à son siège à Cotonou. Les échanges ont évidemment porté sur la filière manioc qui, souligne le rapport d’une étude prospective de l’OCIS, est « très porteuse ».
De ce fait, il y a lieu selon Koukou Dodji Hyppolyte de changer de paradigme dans la production de cette plante prisée dans le monde. « Nous voulons passer du cap artisanal à une transformation semi-industrielle ou industrielle. C’est l’objet du débat économique », a-t-il déclaré. Le débat économique, il faut le rappeler, a réuni les différents acteurs de l’Etat central aux organisations professionnelles passant par les acteurs privés.
En plus de tenir informés les participants sur les instances et les stratégies de promotion mises en œuvre par les pouvoirs publics, l’objectif de cette rencontre d’idées est aussi de susciter des initiatives d’investissements dans la filière. Le débat a été modéré par le professeur Albert Honlonkou, directeur général de l’Ecole nationale d’économie appliquée et de management (Eneam) et président du conseil de l’OCIS.
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Un bref état des lieux de la filière
Le manioc est un légume tuberculeux issu d’une plante appartenant à la famille des Euphorbiacées. 44% de la production mondiale vient de l’Afrique (PNDF-Manioc 2018-2021). Le Bénin est encore loin des grands producteurs comme le Nigéria, le Ghana, la RDC.
Le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) note une croissance générale plus ou moins régulière entre 1995 et 2016. Selon le programme de relance de la filière manioc au Bénin, pour la période de référence, la production a atteint 3 892 287 tonnes de racines fraîches avec une superficie de 297 978 ha et un rendement en racines tubéreuses fraîches de 13,06 t/ha.
Une croissance due, ajoute le document, « à l’augmentation des superficies et non à l’intensification de la production ». Cette évolution de rendements est alors qualifiée de « dents de scie », lit-on dans l’étude de faisabilité portant sur la filière manioc au Bénin. Le Programme d’action du gouvernement entend relever le défi de relancer ce secteur attractif et d’avenir.
