Le Bénin n’utilise pas le glyphosate comme les pays industrialisés rassure le ministre de l’agriculture

Au lendemain de la condamnation de Monsanto par un tribunal de San Franscico pour ne pas avoir informé un jardinier américain atteint d’un cancer, de la dangerosité de son herbicide Roundup, le Bénin est entré en ébullition. Le pays ayant le glyphosate parmi les pesticides les plus utilisés par les agriculteurs, l’opinion publique a été alertée par certains acteurs de la vie socio-politique qui n’ont pas hésité à pointer du doigt, le gouvernement qui encourage depuis peu les paysans à augmenter les superficies emblavées pour les cultures. Face à l’ampleur de la polémique, le ministre de l’agriculture Gaston Dossouhoui a effectué une sortie médiatique pour rassurer l’opinion publique sur l’utilisation qui est faite de cet herbicide au Bénin.

Le 10 août dernier, le jury d’un tribunal de San Francisco condamnait le géant de l’agrochimie américain Monsanto à payer 289 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé un jardinier américain atteint d’un cancer, de la dangerosité de son herbicide Roundup. Il n’en fallait pas plus pour enflammer les débats sur le glyphosate au Bénin. Les spéculations faisaient état de ce que le Bénin à importer plus 200.000 tonnes de glyphosate alors la demande n’est pas aussi forte. Pour certains, le gouvernement doit mieux encadrer l’utilisation des pesticides notamment le glyphosate alors que pour d’autres, cet herbicide doit être simplement interdit d’utilisation.

Face à la presse ce jour, le ministre Gaston Dossouhoui a tenu à remettre les pendules l’heure pour faire taire les rumeurs qui font état de ce que le gouvernement béninois importe en grande quantité le glyphosate sans un grand suivi de l’utilisation qui en est faite par l’agriculteur. « Je peux d’ores et déjà vous rassurer que l’Etat veille à ne pas introduire de produits nocifs dans le pays » a-t-il dit d’entrée. Tout en rappelant les dispositions réglementaires mises en œuvre au Bénin pour l’utilisation des pesticides, le ministre de l’agriculture a affirmé que le glyphosate comme tous les autres pesticides n’a été homologué par le Comité National d’Agrément et de Contrôle des Produits Phytopharmaceutiques (CNAC) qu’après étude favorable des paramètres tels que la toxicologie, écotoxicologie, l’impact environnemental, l’efficacité biologique et les limites maximales de résidus.

Ainsi, le type de glyphosate que le Bénin utilise notamment pour la campagne 2018-2019 (killer 480 SL) n’est pas aussi dangereux que le Roundup utilisé en Europe et en Amérique. Il est très peu dangereux car issue la classe III selon les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et en fonction des formulations. Pour Gaston Dossouhoui, le glyphosate tel qu’utilisé au Bénin ne peut intoxiquer dans la mesure où, « la dose recommandée est de 3 litres à l’hectare contrairement aux pays industrialisés où elle atteint 10 litres/ha. Son épandage est réalisé après sa dilution dans une certaine quantité d’eau sous forme d’une bouillie. Ce mélange est épandu avec des appareils à pression entretenue ou avec des appareils TBV (très bas volume) positionnés à 20 cm au-dessus des mauvaises herbes. Dans ces conditions les jets sont dirigés vers la cible que constituent les adventices et tout contact avec le traiteur est très limité » a-t-il expliqué. Le Bénin n’a d’ailleurs importé que 900.000 litres de glyphosate pour la campagne 2018-2019 soit 480 tonnes

« Nous avons des comportements respectueux de l’environnement »

Cette manière d’utiliser le glyphosate réduit considérablement les risques de contamination du sol et des produits agricoles encore que le gouvernement selon les propos du ministre, veille au respect des itinéraires techniques. « Nous avons des comportements respectueux de l’environnement » a lancé Gaston Dossouhoui avant d’expliquer que les services spécialisés du Ministère en charge de l’Agriculture organisent périodiquement des campagnes de sensibilisation et d’information des producteurs sur la bonne utilisation des pesticides avant, pendant et après application.

Un projet de Transition Agroécologique financé par l’AFD dénommé TAZCO (Transition Agroécologique en Zone Cotonnière) est d’ailleurs en cours et vise à recycler le mulch issu des cultures de rotation pour couvrir le sol, le protéger contre les intempéries, augmenter la matière organique et réduire l’évapotranspiration du sol. Cette pratique est soutenue par des plantes de couverture, par la promotion de la motorisation intermédiaire pour le travail minimum du sol. La conséquence de cette pratique est de réduire au maximum l’usage des herbicides en favorisant la défense naturelle de la culture contre les mauvaises herbes.

En attendant donc de trouver une alternative efficace au glyphosate le Bénin prend les dispositions adéquates pour éviter la contamination du sol et des produits agricoles.

André Tokpon