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Côte d’Ivoire : cacao, cause de la déforestation de plus de 2 millions d’hectares en 20 ans

Dans un rapport de l’Université catholique de Louvain en Belgique, publié le 31 janvier dernier dans la revue scientifique Environemental Research Letters, le niveau de déforestation en Côte d’Ivoire, semble considérable en 20 ans. La production du cacao étant la principale raison.

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C’est environ 2,4 millions d’hectares de forêt qui ont été remplacés par des plantations de cacao en Côte d’Ivoire entre 2000 et 2019, indique le rapport sus cité. Une superficie presque équivalente à la taille du Rwanda selon les analyses de l’agence Ecofin. Elle représente 45 % de la déforestation totale et de la dégradation des forêts du pays.

Selon le rapport, 25 % de la superficie utilisée pour la production de cacao en 2019 était située dans des zones « protégées » et des réserves forestières. Ceci conformément à la législation environnementale du pays rarement appliquée faute de bonne gouvernance.

Des sociétés de négoce des matières premières et les entreprises de confiserie sont à cet effet associées à cette déforestation. Car ce sont les principales qui achètent du cacao en Côte d’Ivoire pour la plupart, sans traçabilité.

A en croire le rapport, sur les 35 entreprises de la chaîne d’approvisionnement du cacao et les gouvernements de Côte d’Ivoire et du Ghana liés par l’Initiative Cacao et Forêts (Cocoa and Forests Initiative/CFI), on note seulement sept négociants ayant cartographié 69 % des volumes de leurs approvisionnements directs auprès de coopératives en 2019.  Mais  lorsqu’on ajoute les approvisionnements indirects, les négociants membres de la CFI n’ont cartographié qu’environ 40% de la totalité des plantations ivoiriennes qui les approvisionnent. Ce qui représente moins de 25% des exportations de cacao du pays, précise le rapport.

De fortes mesures

L’initiative internationale Transparency for Sustainable Economies (Trase) a de son côté calculé l’exposition à la déforestation des négociants en cacao en Côte d’Ivoire entre 2000 et 2015 grâce à l’analyse de la production de cacao et des données commerciales, jumelées à une cartographie satellite de la déforestation. Ceci afin de faire le lien entre les régions productrices de cacao et les marchés de consommations.

Les résultats montrent que les exportations de la société Cargill ont été exposées à 183 000 hectares (ha) de déforestation, devant celles d’Olam (165 000 ha), de Barry Callebaut (158 000 ha) et de Touton (99 000 ha). Des résultats selon lesquels, l’Union européenne et le Royaume-Uni, qui absorbent aussi près des deux tiers des exportations ivoiriennes d’après le rapport, étaient associés à la déforestation de 838 000 ha, transformés en plantations de cacao.

Par ailleurs, le rapport a mis l’accent sur le fait que les mesures visant à accroître la traçabilité axée sur la demande, comme l’exige la nouvelle réglementation « zéro déforestation » de l’Union européenne (UE), aux entreprises, ne suffisent plus pour lutter contre la déforestation. Ce règlement oblige en effet les entreprises à mener un processus de diligence raisonnable dans leurs chaînes d’approvisionnement et de démontrer que leurs produits ne causent pas de déforestation.

Les chercheurs de l’Université catholique de Louvain suggèrent donc aux négociants d’œuvrer au-delà de leurs chaînes d’approvisionnement individuelles pour l’amélioration de la gouvernance et une meilleure planification de l’usage des terres.

Sèna Serge ADJAKOU

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