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Togo : Les aspirations des agriculteurs pour l’année 2022

Les acteurs du monde agricole du Togo nourrissent de belles perspectives pour l’agriculture de leur pays. Alors que la campagne agricole s’annonce avec de grands espoirs pour l’émergence du secteur, ceux-ci ont saisi la tribune que leur ont offerte nos confrères d’agridigitale.net pour formuler leurs aspirations. Dans l’ensemble, elles épousent les ambitions du gouvernement togolais pour la période 2020-2025.   

Méchac AWOKOLOITO

Ci-dessous les extraits des propos des acteurs agricoles

« Pour nous les maraîchers des Savanes, notre première préoccupation, c’est que nous ayons des intrants de qualité et en quantité pour produire. Et après la production, qu’on ait un bon marché. En matière de renforcement de capacités par rapport à la production, nous pensons que ça doit être un renforcement au niveau de la chaîne de commercialisation. La maîtrise de l’eau reste aussi un problème crucial pour notre secteur. Dans notre région, nous avons de petits barrages et il suffirait juste de les agrandir, de bien renforcer ces barrages pour que cela soit bénéfique pour tous. Enfin, nous plaidons pour que les producteurs soient davantage associés aux projets réalisés en leur faveur, car cela garantirait un fort taux de réussite ». –  Douti Basile, président de la coordination régionale des organisations paysannes et des producteurs de la Savane.

« Aujourd’hui la communauté des maraîchers commence par s’agrandir, la plupart de ceux qui s’installent le long des fleuves et cours d’eau constatent que ces cours d’eau tarissent rapidement. Il est important d’aller vers la maîtrise de l’eau sur les sites aménagés. Avoir des retenues d’eau, des systèmes d’irrigation bien adaptés pour les maraîchers.  Après cela, il faudrait que le facteur intrant soit disponible pour les maraîchers surtout les semences. Il serait important d’accompagner les producteurs à produire les semences maraîchères. Aujourd’hui avec la pandémie, les prix des semences ont doublé voire triplé. Alors si on arrive à avoir les centres de production de semences comme pour les produits céréaliers, nous aurons à mieux gagner.  Avec la mise en place de l’interprofession, il faut que le ministère de l’Agriculture vienne au secours pour renforcer les structurations. Que ceux qui produisent aient leur planning qui facilitera la vente des produits.  Nous avons à ce jour une association des commerçantes qui fait partie d’un maillon de l’interprofession. Donc, créer un cadre de concertation avec cette association des femmes commerçantes afin de ne plus vivre le bradage des produits maraîchers comme ce que nous avons vécu les années précédentes. Que tout soit bien organisé et qu’elles aient de bons contrats avec les producteurs dans toutes les régions ». –Soudou Gnassingbé, président de l’interprofession des maraîchers.

 « Les travaux d’aménagements des Zones d’Aménagement Agricoles Planifiées (ZAAP) ont pris du retard dans notre région et les producteurs n’avaient pas pu s’installer. Quand on prend la ZAAP de Landa (Kara), elle est aussi très éloignée de la population et l’accès à cette ZAAP est très compliqué. Les pistes pour s’y rendre, c’est à revoir. Sinon, lorsqu’il y aura les récoltes, comment faire pour ramener les produits au magasin ou même au marché ? Donc il faut revoir les pistes qui mènent vers les ZAAP mises en place et que l’aménagement des nouvelles ZAAP puisse s’accélérer afin de permettre aux producteurs de s’installer avant le début de la campagne.  Le secteur agricole demande à être beaucoup plus sur le terrain et à l’écoute du producteur pour constater de soi-même les difficultés qu’ils soulèvent. Sortons dès maintenant de nos bureaux ». – Alphonse Pya-Abalo Amana, promoteur de la Chaîne des Producteurs Agricoles Kara.

« Nous avons un problème d’eau sur le site avec l’extension de la vallée de Zio où chaque année il est observé ce problème de manque d’eau surtout pour les producteurs dont la production commence en début d’année. La disponibilité de l’eau dans la vallée pour faciliter la production reste un sérieux casse-tête. Nous ne demandons pas forcément de créer de nouveaux barrages, mais on peut élargir l’existant. Il peut y avoir un système de barrage de grande capacité qu’on va diriger vers le canal d’alimentation qui existe déjà. C’est très important, car il est impossible de produire le riz sans avoir une assurance sur la disponibilité de l’eau. Le problème de la main-d’œuvre est l’autre casse-tête des riziculteurs et il urge d’aller vers une véritable mécanisation. Aujourd’hui à notre niveau, c’est le labour seul qui est mécanisé alors qu’il y a d’autres activités qui pouvaient l’être également comme le repiquage, la moisson et autres. Il faut des engins adaptés à notre site, par exemple depuis 2008 nous avons bénéficié de 12 batteuses que nous n’avons jamais utilisées, justement parce qu’elles ne sont pas adaptées à notre sol. Voilà pourquoi il est important d’être sur le terrain pour savoir prendre des décisions ». – Adokanou Djifa, président des riziculteurs de la vallée de zio

« Si on pouvait revoir le prix du coton à la hausse, même ceux qui avaient quitté la production vont revenir. Nous avons beaucoup aimé le coton, mais c’est le prix qui décourage. Il ne faut pas qu’on se trompe aujourd’hui, c’est le prix qui est à la base de tout ce qui se passe dans la filière. Si ce prix est revu à la hausse, nous allons augmenter nos superficies et ceux qui avaient quitté la filière vont même revenir ». — Propos groupés de producteurs de coton.

« Pourquoi les produits aviaires (poulets et œufs) n’augmentent pas au même moment que les intrants ? Avec l’inflation des premiers ingrédients pour la composition de l’aliment des volailles, les problèmes naissent déjà.  Les grands éleveurs ont commencé à réformer les poulets, et on se demande s’ils auront encore la capacité de commander encore des poussins.  Notre problème, c’est que nos produits (poulets et œufs) n’augmentent pas au même moment que le prix des intrants. Donc on est en train de discuter de tout ça parce que cela agit automatiquement sur les chiffres. Le maïs qui passe de 150frs/kg à 250frs/kg et le soja qui passe de 300 à 500frs/kg. C’est énorme pour nous les éleveurs. Le coût des ingrédients des aliments a augmenté et par rapport à cela, il fallait aussi que le coût des œufs ou du poulet augmente aussi, mais ce n’est pas le cas. Cette situation décourage beaucoup la production. Il faut tout faire pour sauver le secteur. Il faut que ce secteur puisse profiter à tous les Togolais, donc le ministère doit agir ». — Dr Kossi Mabalo, aviculteur

 « L’État seul ne peut pas tout faire et il fallait associer le secteur privé surtout en ce qui concerne la disponibilité des engrais. Il est vraiment temps de moderniser notre agriculture. Que les producteurs soient soutenus directement sans passer par mille chemins avec les ateliers de formation et autres. Que tout se fasse directement sur le terrain afin que l’agriculteur puisse bénéficier des projets et programmes d’appui. Il faut mettre en place de véritable ZAAP où on a des activités de contre-saison et des activités pluviales. L’heure a véritablement sonné pour passer des discours et aller sur le terrain de l’action. » – Gnizim Atossou Amou, directeur de société de service agricole.

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