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Selon Togbédji Ahokpa, emprunter à 2 % rend les industriels béninois plus compétitifs dans la sous-région

Jeune et surtout très ambitieux, Togbédji Ahokpa, Président directeur général (PDG) de la société Orana SA fait désormais partie de la crème des innovateurs béninois qui veulent faire de leur pays une puissance agricole sur le continent. Sa particularité, valoriser le potentiel national dans la filière agrume grâce à l’installation de l’usine Orana, spécialisée dans la transformation des oranges en concentrés et en jus. Soutenu dans son ambition grâce au mécanisme de bonification de 2 % du Fonds National de Développement Agricole (FNDA), Togbédji Ahokpa a affirmé avec conviction devant  un groupe de média, que les industriels béninois comme lui deviennent plus compétitifs dans la sous-région.

Comment se porte le secteur de l’agrume au Bénin ?

Le secteur de l’agrume et de l’orange en particulier commence à se porter bien au Bénin. Parce que nous sommes au début d’un processus. Les gens ont toujours transformé et/ou distribué l’orange au Bénin. C’est juste qu’il y avait un manque d’organisation. Dans quelques années je pourrai dire que la filière orange se porte mieux au Bénin. Je parle d’orange parce que c’est la principale commodité d’agrumes que nous produisons au Bénin.

Quelle est votre vision pour la filière orange au Bénin ?

Jusque-là Orana est producteur et vendeur d’oranges. Bientôt, nous allons démarrer la transformation. En effet, nous avons récupéré le site de l’usine de transformation de jus d’orange de Zakpota pour y implanter nos installations dans le cadre de la transformation de l’orange en jus. Ainsi donc Orana aura trois fonctions notamment celles de producteur, distributeur et transformateur. Nous sommes en pleins travaux. Nous allons effectivement démarrer l’usine dès le début de l’année prochaine (Ndlr : 2023).

À quelle étape était votre projet avant de bénéficier des facilités du FNDA?

Mon projet était déjà mâture. Avant de bénéficier des facilités d’une institution comme le FNDA, il faut être organisé et bien structuré. Ce n’est pas parce que ce sont des mesures mises en place par l’État qu’on peut en bénéficier comme on veut. À Orana, nous avons démarré le projet d’usine il y a cinq ans. La première étape c’était d’avoir des chiffres sur l’orange au Bénin. Ce que nous n’avions pas pu avoir auprès des administrations. Or, avant de bénéficier des facilités du FNDA, il faut convaincre la banque partenaire. Par exemple dans mon secteur, il faut résoudre les problèmes de matières premières et de débouchés.

Concernant les matières premières, il faut résoudre plusieurs équations : est-ce qu’il y a assez de matières premières ? Est-ce qu’elles sont bonnes pour avoir les résultats que vous voulez ? Quant aux débouchés, il faut savoir où vous allez vendre vos produits. Sur le marché local, régional, international ? Ce travail prend plusieurs années. Au-delà du temps, nous y avons consacré des moyens financiers. Quand vous réglez ces questions, vous pouvez vous présenter devant la banque partenaire du FNDA. Mais au Bénin, nous les industriels avons un problème avec les banques commerciales.

C’est pour dire que le FNDA est venu au très bon moment. Parce que le FNDA vient donner aux gens comme nous, une force, une possibilité d’emprunter chez les banques commerciales.

Même quand vous remplissiez toutes les conditions que demandaient les banques commerciales, elles trouvaient que notre secteur n’était pas fiable, certain. Parce qu’elles ne maîtrisent pas les réalités du secteur. Regardez le nombre d’usines que nous avons dans notre pays. Les banques n’aiment pas financer ce genre d’investissements. Elles ne peuvent pas nous faire des prêts sur le temps de maturité dont une usine a besoin pour s’installer. Dans le cycle d’une industrie, il faut du temps de l’installation des équipements et matériels, du temps pour tester les équipements, du temps pour lancer la production. Pour une usine, le minimum pour rembourser c’est environ six, sept, huit ans. Or la banque aussi a pris de l’argent quelque part. Elle doit vite tourner et rembourser à son tour avec des intérêts. Donc les banques commerciales veulent se faire rembourser assez vite pour rembourser à leur tour assez vite. Du coup, elles ne peuvent souvent pas prêter sur le timing nécessaire à une usine.

Qui dit usine, dit que vous serez en concurrence avec les usines au plan régional, continental et mondial. Vous ne pouvez pas emprunter à n’importe quel taux et avoir des produits compétitifs. Aujourd’hui une banque locale, au Bénin et au Togo, par exemple emprunte à partir d’un taux de 8,5 % environ. Au Nigéria, ils ont un taux entre 5 et 6 %. Au Ghana, vous descendez même à 4 %.

Les autorités de notre pays ont donc compris qu’on ne peut pas être compétitifs en empruntant à ces taux. Alors la bonification du FNDA nous permet aujourd’hui de ne payer que 2 % de taux d’intérêt sur nos prêts.

C’est-à-dire que si la banque vous prête de l’argent à un taux de 8,5 % par exemple, le FNDA prend en charge 6,5 % et vous ne remboursez que 2 % à la banque.

C’est quoi l’impact de cette bonification du FNDA ? C’est que vous pouvez installer une usine au Bénin et être en compétition avec des Nigérians, Ghanéens, Ivoiriens et autres. C’est-à-dire que je peux produire du jus de fruits ou autre au Bénin et vendre ça au même prix que ceux-là. Avant, ce n’était pas possible. Celui qui a emprunté à 8,5 % va toujours vendre plus cher que celui qui emprunte à 6 %. Vous ne pouvez jamais aller sur le même marché que lui. Celui emprunte au taux le moins élevé aura toujours le dessus. Le FNDA est venu régler un véritable problème par rapport à ça. Au niveau des garanties, leur action est réelle également.

Le FNDA par le biais de la garantie et de la bonification des taux d’intérêt vient donner une réelle impulsion à l’industrialisation dans le domaine agricole au Bénin.

Parce qu’aujourd’hui, si vous voulez faire du négoce, c’est très facile. Or, avant vous allez à la banque, on va vous demander deux ou trois titres fonciers et des chiffres à fournir concernant votre entreprise et on vous accorde le crédit. Nous avons fait cela pendant des années. Et on a constaté que l’agriculture ne s’est pas développée dans notre pays. Les banques commerciales devraient revoir leurs manières de faire.

Les oranges de la société Orana SA

Quel impact a eu l’accompagnement du FNDA dans votre projet?

L’accompagnement du FNDA est venu résoudre pas mal de problèmes. Par rapport au taux, par exemple, quand vous prenez l’orange, il y a quatre produits qui en découlent. Le concentré, l’huile essentielle, le jus et le compost. L’usine Orana sera la 2e productrice de concentrés d’orange d’Afrique et la seule de l’espace Afrique de l’ouest. Le concentré est un produit international et vous ne pouvez pas aller sur ce marché en empruntant à des taux de 8, 10 ou 11 %.

Le Fnda est venu nous donner une vraie solution À moins de bénéficier des accompagnements du Fnda de son pays, personne ne peut installer une usine de concentré d’orange et compétir véritablement. Donc, c’est une vraie solution.

Voulez-vous donc dire que les conditions d’accès à cet accompagnement ne sont pas complexes?

Les conditions d’accès sont faciles. Il faut convaincre d’abord la banque qui a besoin des garanties. Après vous vous rapprochez du FNDA dont les facilités vous permettent de régler les problèmes de garantie au niveau de la banque et de bénéficier de la bonification du taux d’intérêt. À Orana, nous avions déjà fait un travail en amont qui nous a permis d’être prêts et dans les meilleures conditions.

Quel sera le potentiel de l’usine Orana en matière de création d’emplois et de mobilisation de recettes au profit du Bénin?

L’usine Orana offrira 150 emplois directs à sa création. Au-delà de ce nombre, nous aurons touché de nombreuses personnes sur toutes nos chaînes d’activités. Il y aura également de nombreux autres emplois indirects.

Quant aux redevances fiscales et autres, une usine qui prend environ 50 % de la production nationale d’une spéculation a des répercussions importantes sur toute la chaîne de valeur de cette dernière. Mieux, nous sommes des Béninois donc nos investissements et réalisations participent à l’économie de notre pays. Au-delà des salaires et des impôts, nous dépensons ce que nous gagnons dans notre pays. Car l’industriel est le premier défenseur de son pays.

Propos recueillis : Cell Com FNDA.

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