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Opinion: L’autosuffisance en riz contribue à la lutte contre la faim en Afrique

Le Ghana et le monde entier étaient en deuil le mois dernier à cause du décès de l’ancien Secrétaire général Koffi Annan. Étant un bastion d’espoir et un champion du monde, il était convaincu que le développement durable est réalisable, et il considérait l’agriculture comme une terre fertile où nous pouvons commencer à préparer l’avenir du continent. Il a dit un jour: «Il est temps de changer notre façon de penser. Les agriculteurs ne sont pas la cause de la pauvreté de l’Afrique; ils en sont au contraire une solution potentielle.»

Les économies africaines sont tributaires des devises étrangères pour améliorer le développement des systèmes éducatifs, des infrastructures routières, des services de santé, etc. Tandis que les pays tentent de réduire les coûts des importations, il est intéressant de noter que l’importation du riz, aliment de base dans de nombreux pays africains, est encore très forte.

Les données montrent qu’en 2015 seulement, les pays africains ont importé environ 36 pour cent du riz dont ils avaient besoin, soit plus de 4 milliards de dollars des États-Unis. Et l’on prévoit que d’ici à 2020, le montant atteindrait 4,8 milliards de dollars américains par an.

Compte tenu des coûts importants pour l’importation de riz et les prévisions qui sont à la hausse, l’autosuffisance dans la production de riz permettrait aux pays importateurs d’économiser d’importantes ressources financières, ce qui permettra d’orienter les économies réalisées vers le développement socioéconomique.

La demande de consommation de riz en Afrique augmentant actuellement à un rythme rapide – soit 5,5 pour cent par an –, la seule possibilité pour les pays d’être en passe d’atteindre les objectifs de développement est de parvenir à l’autosuffisance dans la production de riz. Cela consiste à maintenir des taux plus élevés de production et de productivité le long de la chaîne de valeur du riz.

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Dans les circonstances actuelles, l’autosuffisance en riz pour l’Afrique sera stratégique et importante, non seulement parce qu’elle permettra de satisfaire les besoins de consommation au niveau local, mais également à cause de ses effets multiplicateurs. Ceux-ci permettront notamment de réaffecter les devises étrangères si indispensables et d’investir dans le développement de la chaîne de valeur du riz, un domaine qui offre le potentiel de créer et d’offrir plus de possibilités d’emploi pour les jeunes et les femmes.

Les pays qui ont réussi à accroître leur production de riz pointent du doigt le leadership des gouvernements pour mettre en place des politiques adéquates, des stratégies et des mécanismes institutionnels adaptés et appropriés. Ces mécanismes comprennent des plateformes nationales pour le riz qui ont facilité une augmentation des investissements et une coordination efficace de la part des parties prenantes dans le secteur rizicole. Les plateformes nationales ont joué un rôle important dans la réforme de la politique rizicole, ayant permis de réunir un large éventail de parties prenantes, y compris des producteurs de semences, des agriculteurs et des groupes de femmes qui ont reçu un soutien pour l’élaboration de plans d’entreprise.

Le succès encourageant en matière d’augmentation de la production de riz dans beaucoup de pays est une preuve qui démontre qu’avec un leadership et une volonté politique efficaces, ainsi que des efforts concertés de toutes les parties prenantes, le double objectif consistant à parvenir à l’autosuffisance alimentaire en riz et à éliminer la faim sont réalisables.

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Il est important de noter que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est l’organisme responsable de l’objectif Faim zéro parmi les ODD. La FAO continue d’appuyer les efforts régionaux et nationaux visant l’intensification durable de la production de riz le long de l’ensemble de la chaîne de valeur.

Actuellement, la FAO renforce activement ses liens avec les entités de développement aux niveaux régional et mondial pour encourager la transformation du secteur rizicole en Afrique en stimulant la productivité, en renforçant les chaînes de valeur du riz et en soutenant une meilleure coordination des marchés régionaux.

L’organisation collabore également avec d’autres organisations (telles que CARD, AfricaRice et IRRI) pour promouvoir et diffuser les meilleures pratiques sur le riz dans d’autres pays. Ces partenariats ont énormément contribué à améliorer les semences, les opérations de post-récolte, l’irrigation et l’adoption des technologies.

Toutefois, il est toujours nécessaire de renforcer les partenariats et la collaboration entre les partenaires techniques et les partenaires donateurs au niveau national, par exemple en renforçant les mécanismes de responsabilité mutuelle en matière de résultats.

Un meilleur leadership et des investissements accrus de la part des gouvernements africains en faveur du secteur rizicole contribueraient en effet à maintenir la dynamique visant l’autosuffisance en riz et la création d’emplois rémunérateurs pour les jeunes et les femmes dans l’ensemble de la chaîne de valeur du riz.

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Compte tenu des avantages potentiels énormes que peuvent offrir les investissements dans le secteur rizicole en Afrique, on ne soulignera jamais assez l’urgence de mettre en œuvre des stratégies appropriées pour tirer parti des possibilités offertes par les produits de base stratégiques de l’Afrique. Dans ce contexte, la Conférence ministérielle de haut niveau sur le riz qui se tient cette semaine à Dakar (Sénégal) examine ces questions. La conférence en cours approfondira le renforcement des synergies et une collaboration efficace entre les gouvernements nationaux, les partenaires de développement, le secteur privé et les organisations de producteurs.

Comme nous l’avons déjà dit dans les paroles du feu Koffi Annan, les agriculteurs sont une solution pour le développement durable. La FAO, partenaire solide des agriculteurs, reste disponible pour stimuler le secteur rizicole en Afrique afin de lui permettre de réaliser son plein potentiel comme plateforme pour une croissance agricole au niveau régional et la transformation rurale.

 

Par Bukar Tijani

Sous-Directeur général et Représentant régional pour l’Afrique

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

 

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