L’Europe perd chaque année 20 millions d’oiseaux, soit 800 millions de la population avifaune depuis 40 ans. Le principal coupable, l’intensification de l’agriculture européenne, pointe du doigt une étude publiée lundi 15 mai 2023.
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L’avifaune européenne se vide profondément de ses populations, c’est une vaste étude menée sur le Vieux Continent qui le révèle. Les scientifiques déclarent une déchéance drastique de 800 millions d’oiseaux ces quatre dernières décennies à raison de 20 millions par an. Ils se sont notamment fondés sur des données d’une trentaine d’années concernant 28 pays européens. Ces données sont issues de 20.000 sites de suivi écologique et concernent 170 espèces d’oiseaux.
« Une baisse systémique, profonde, de l’avifaune européenne », regrette Vincent Devictor, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et coordinateur de l’étude au micro de l’AFP.
Les scientifiques nomment « l’intensification de l’agriculture » comme principal responsable du phénomène. Il s’agit d’un système de production agricole ayant entre autres recours aux pesticides et engrais. Cette pratique « représente la pression principale pour la plupart des déclins de populations d’oiseaux, notamment ceux qui se nourrissent d’invertébrés », lit-on dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences.
Le climat et l’urbanisation en cause
Si à cause de l’agriculture intensive, 143 espèces d’oiseaux se nourrissant d’invertébrés, parmi les 170 étudiées, manquent de nourriture, elle n’est cependant pas le seul mobile de la disparition des animaux en Europe. L’étude parle aussi du changement climatique et de la progression de l’urbanisation.
En effet, les variations des températures sont fatales pour les espèces selon qu’elles préfèrent le froid (40% de déclin), comme la mésange boréale, ou la chaleur (18% de déclin).
Par ailleurs, les martinets ou encore les hirondelles par exemple ne trouvent plus des insectes à picoter dans les milieux urbains. « Avec les modes de bétonisation aujourd’hui, couplés à la disparition des insectes, cela devient hostile même pour eux », explique Vincent Devictor. Par conséquent, depuis 1980, 28% des oiseaux urbains ont disparu contre 18% d’oiseaux forestiers et 57% d’oiseaux des milieux agricoles.
Il faut rappeler que les oiseaux sont essentiels dans les écosystèmes. Ils pollinisent les plantes, dispersent des graines et sont des prédateurs d’insectes. Leur disparition, préviennent les scientifiques, est « un péril pour l’ensemble des écosystèmes ». C’est pourquoi les chercheurs proposent entre autres de changer de modèle agricole.
