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Bénin: Kpodémè Hindéa, « J’ai emblavé 60 hectares sans tracteur »

À Lahotan, un village situé à environ 30 km de Savalou dans les départements des Collines, Kpodémè Hindéa, un cultivateur singulier s’inscrit en modèle pour ses pairs. Ceci à travers la diversité des cultures de son champ et l’impressionnante superficie emblavée de façon traditionnelle.

En cette période de crise économique marquée par la flambée des prix des denrées alimentaires, l’intensification de la production agricole apparaît comme l’une des solutions majeures pour contrecarrer la crise et maintenir les ménages à flot. Kpodémè Hindéa, un des agriculteurs phares de sa région, l’a si tôt compris. Pour cela, il a emblavé plus de 60 hectares de produits agricoles et ceci à la force de ses bras, sans l’aide d’aucune machine. « Toute la superficie que j’ai cultivée s’élève à 60ha. J’ai labouré 50ha et confié le reste à ma main d’œuvre. » explique-t-il.  Kpodémè s’oblige à ce labeur non par gaieté de cœur, mais parce que ses moyens limités ne lui permettent pas de réaliser ses ambitions. Celui-ci n’arrive pas à accéder au tracteur depuis son village. « J’éprouve des difficultés à exploiter toute la superficie à moi tout seul. Je n’ai pas suffisamment de mains d’œuvre et ma principale aide est un tracteur en service à Damè. C’est ce tracteur qui m’aide de temps à autre à labourer mon champ, mais faute de moyens, je n’arrive même pas à labourer toute la superficie que je souhaite ».

Sur son exploitation, Kpodémè Hindéa pratique la diversification agricole et la rotation des cultures.

Un exemple de diversification agricole

Pour s’assurer des revenus diversifiés, Kpodémè Hindéa a opté pour la rationalisation de l’espace qui entre dans ses possibilités en pratiquant une variété de culture. Sur son exploitation, l’agriculteur cultive du haricot, du maïs, mais aussi du riz grâce à un bas-fond situé près de ses terres. Néanmoins sa principale culture rémunératrice est le coton.

Grâce à cette culture et suivant les conseils des encadreurs communautaires, il a atteint des records malgré ses moyens techniques limités, des conditions climatiques peu favorable et une conjoncture défavorable. “En 2020, j’ai fait 23,5 tonnes de récolte. L’année dernière ce fut la saison sèche donc ce n’était pas une année favorable pour moi et je n’ai fait que 23,3 tonnes. Cette année, il y a eu pluie mais les parasites ont envahi la plantation. Cependant, j’ai pu avoir 23,5 tonnes.” explique-t-il.

Kpodémè force l’admiration de ses pairs et du ministre de l’Agriculture

Malgré les rudes conditions de travail et les faibles moyens dont il dispose, Kpodémè Hindéa est loin d’être considéré comme un agriculteur ordinaire. Son ancienneté dans le métier lui vaut une admiration des populations de sa région. Alors que des jeunes de son âge vivaient les joies de l’école, lui vivait ses débuts dans l’activité. Aujourd’hui, du haut de ses 29 ans d’expériences, il ne regrette pas ses choix. « J’ai commencé petit à petit. Aujourd’hui j’ai des parcelles un peu partout. J’ai au moins six parcelles à Glazoué. Je possède également trois camions. Tout cela je l’ai eu grâce à la terre … C’est par le biais de cette même activité que mes enfants vont à l’école. », narre-t-il. Ainsi, grâce à ses acquisitions, Kpodémè continue d’étendre ses exploitations et dispose également d’un impressionnant bétail. Il est autonome quant aux transports de ses récoltes des champs vers les marchés. Tous ces biens réunis et les revenus qu’ils génèrent lui permettent de couvrir les coûts de production de ses cultures et d’être l’un des notables de son village.

Le ministre Gaston DOssouhoui effectue une visite inopinée dans le champs de Kpodémè Hindéa

Ce succès remarquable ne laisse pas le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche Gaston Dossouhoui, indifférent. Il a d’ailleurs exprimé toute son admiration face à autant d’ingéniosité et de dynamisme. « Soixante hectares cultivés sans tracteur, c’est difficile à croire. Il a pratiqué une rotation excellente des cultures en connaissant la succession de l’une après l’autre pour avoir de bons rendements… c’est un paysan modèle », conclut le ministre, à la faveur d’une visite inopinée à l’agriculteur.

Gaston Dossouhoui convient qu’il faut un accompagnement pour de tels agriculteur non seulement pour booster leurs activités mais aussi pour leur permettre de contribuer grandement à la sécurité alimentaire du pays. Notons par ailleurs que Kpodémè Hindéa a travaillé à instaurer dans son village, un climat de paix dans la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs au point où, ces pasteurs souvent décrié ailleurs se sentent ‘’autochtones’’ selon leurs dires.

Méchac AWOKOLOITO

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