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Automatisation de l’agriculture : un couteau à double tranchant ?

C’est la pleine métamorphose dans le secteur agricole au plan mondial. De l’analyse à l’exécution des tâches agricoles passant par la prise de décision, tout s’automatise. Si cette automatisation de l’agriculture participe à coup sûr de l’amélioration des rendements agricoles, son avènement et son expansion suscitent des craintes d’ordre socio-économique.

Le dernier rapport de la FAO (2022) présente la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture. L’autonomisation de l’agriculture est le point dorsal des états des lieux du document résumé en 32 pages. Cette technologie joue un rôle indéniable dans la transformation des systèmes agroalimentaires. Elle se sert des machines et matériels (robot, IA, etc.) de pointe pour améliorer l’analyse, la prise de décision ou l’exécution des travaux agricoles. Ainsi, la pénibilité des tâches est réduite et celles-ci deviennent plus rapides et plus précises.

« L’autonomisation de l’agriculture peut augmenter la productivité et permettre une gestion plus prudente des cultures, de l’élevage, de l’aquaculture et des forêts », précise l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. La FAO parle aussi de l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs agricoles mais aussi son impact sur la sécurité alimentaire.

Mieux, automatiser l’agriculture selon l’institution onusienne, c’est contribuer à  la réalisation des objectifs de développement durable relatifs notamment à la pauvreté, la faim, la durabilité de l’environnement et au changement climatique. Les technologies utilisées renforcent la résilience, accroissent la productivité et l’efficience d’utilisation des ressources. Elles améliorent la qualité et la sécurité sanitaire des aliments.

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Les craintes d’inégalités sociales et de chômage

La révolution en cours dans le secteur agricole n’est pas nouvelle, rappelle la FAO. Mais depuis plusieurs décennies, ces mutations impressionnent autant qu’elles font peur. « Ces craintes remontent au moins au début du XIXe siècle. Pourtant, rétrospectivement, la peur que l’automatisation, qui augmente la productivité du travail, ne conduise nécessairement à un chômage à grande échelle ne se confirme pas dans les faits », tempère Qu Dongyu, directeur général de la FAO dans l’avant-propos du rapport 2022.

Toutefois, le patron de la FAO admet qu’une automatisation de l’agriculture non contextualisée au plan national ou local est préjudiciable socioéconomiquement. « Si les facteurs qui incitent à adopter l’automatisation ou des technologies d’automatisation particulières sont créés artificiellement au moyen de subventions publiques, par exemple – en particulier dans des situations où la main-d’œuvre est abondante –, le recours à l’automatisation peut se révéler extrêmement pernicieux et avoir des effets préjudiciables sur le marché du travail et dans le domaine socioéconomique », avertit-il.

Qu Dongyu insiste que les technologies les plus évoluées ne sont pas nécessairement les plus appropriées partout et pour tous. Il opte pour une inclusion dans le choix technologique de sorte à impliquer aussi bien les femmes, jeunes que les producteurs moins cotés financièrement. « Les solutions d’automatisation doivent être adaptées au contexte local, c’est-à-dire non seulement aux caractéristiques des producteurs, mais aussi aux conditions biophysiques, topographiques, climatiques et socioéconomiques », renchérit le Directeur.

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Laisser libre choix aux producteurs agricoles

Dans son rapport, la FAO n’a pas proposé une « solution universelle ». Elle martèle la nécessité de composer avec la révolution technologique pour une agriculture durable et résiliente. Ce qui est envisageable par contre est d’encourager les producteurs à choisir eux-mêmes « les technologies adaptées à leurs besoins, les pouvoirs publics se contentant de créer un environnement propice à ce choix ».

Par ailleurs, au profit de l’environnement, il est préférable d’utiliser les machines plus petites et plus légères à la place des engins lourds. Le rapport de la FAO définit en outre des domaines clés où les investissements publics pourraient permettre d’adopter une automatisation de l’agriculture qui concourt à un développement inclusif et durable.

Emmanuel M. LOCONON

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