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Agrobusiness : comment Pascal Tchicoto est rené de l’incendie de son élevage

Dans un Bénin où le chômage bat son plein, il a su trouver sa voie. Pendant que les jeunes diplômés fuient en majorité le champ, Pascal Tchicoto y a trouvé son bonheur et poursuit depuis plusieurs années une carrière d’agripreneur. Si au début son élevage a été carbonisé, il ne s’est pas laissé décourager pour autant par cet étrange incendie survenu quand il était toujours dans son village natal. Pascal migre vers Parakou pour enfin s’installer à Djougou où il construit progressivement son empire agricole. Votre journal Agratime vous fait découvrir ce jeune homme ambitieux d’une « agriculture autrement ». Lisez plutôt !

Agratime : Pascal Tchicoto c’est qui en un mot ?

Pascal Tchicoto : Pascal Tchicoto est un Agripreneur, promoteur de l’entreprise C Group (L’agriculture autrement).

Investir dans l’agriculture, d’où est partie cette idée ?

Juste après la fin de ma formation au CEDeC Bouge, je me suis lancé dans l’élevage de volailles et le maraîchage dans mon village. Suite à un incendie dans mon élevage, j’ai dû quitter ma localité pour regagner Parakou. Prestataire de services agricoles, l’idée de faire quelque chose moi-même grandissait en moi. Ce n’est réellement qu’en 2018 que j’ai commencé véritablement ma production de lapins. Deux ans après, j’ai réussi à trouver un domaine cultivable à Djougou où j’ai élargi ma production agro-pastorale.

Agripreneur, vous êtes à la fois producteur, transformateur et vendeur. Quel est votre business model ?

Nous produisons, nous transformons et puis nous vendons des produits agricoles. Pour nous c’est par ce seul schéma qu’un agriculteur peut vraiment jouir du métier de la terre.

Vous avez récemment témoigné des sacrifices que vous avez dû consentir au début pour construire petitement votre capital. Nos lecteurs sont intéressés par cette expérience.

Pour le démarrage réel de mes activités, j’ai dû faire beaucoup de sacrifices. Des fois, je dors à jeun juste pour garantir de quoi manger aux lapins qui constituent en ce temps mon espèce animale de base. Par manque de clapiers, j’élevais mes animaux dans la cour arrière. Plus de la moitié de ma paye mensuelle servait à acheter des lapins reproduction.

Contez-nous cette séquence où il fallait collecter des lapins à Djougou et revenir les vendre à Cotonou.

Fin 2017, je me suis acheté une moto qui me permettait de mener à bien une nouvelle idée de business que je venais de découvrir. Puisque je suis sollicité pour des suivis et santé animale, j’ai découvert et fait la rencontre de beaucoup d’éleveurs. J’achetais  chez  ces derniers des animaux et en particulier des lapins que je ramenais à la maison. Ces animaux sont soit directement vendus ou engraissés avant d’être vendus. Cette technique m’a généré beaucoup de revenus. L’idée d’extension de la production est ensuite née. Aujourd’hui, je produis des lapins, des pintades, des poulets bicyclettes, des dindons.

Pourquoi avoir choisi de vous installer à Djougou alors même que vous n’y êtes pas natif ?

Le choix de mener mes activités à Parakou est né suite à une mésaventure qui m’a beaucoup marqué dans ma localité. Mon petit cheptel de lapin me réussissait mieux. L’idée de diversifier les spéculations et mes revenus m’a enfin tourné vers Djougou. Cette commune qui m’a tant donné.

Pascal Tchicoto dans sa ferme à Djougou (Qualité d’image altérée)

Que pensez-vous de l’accès à la terre cultivable dans cette localité et au Bénin en général ?

Le plus géant obstacle en entrepreneuriat agricole est l’accès à la terre. Peu importe la localité, ce problème constitue vraiment un frein à l’installation de beaucoup de jeunes agriculteurs. Néanmoins, certaines communes comme Djougou facilitent l’accès à la terre aux jeunes entrepreneurs agricoles. Sinon, la question de terre cultivable sécurisée se pose toujours.

Selon vos dires, vous n’avez pas de soutiens en tant que tels. Etre agripreneur sans soutien financier, comment vous vous en sortez ?

Je rends un vibrant hommage à l’ONG Bouge pour la formation pointue et son accompagnement à l’endroit des jeunes béninois. Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu recours à un financement de quelque nature. Je suis à la fois au four et au moulin. L’Ong Bouge est la seule institution qui nous appuie dans ce que nous faisons. Ce qui nous permet de progresser, c’est notre façon un peu différente de voir le métier d’agriculteur: produire, stocker, transformer et vendre. D’où notre devise: l’agriculture autrement.

Quelles sont vos principales difficultés et comment parvenez-vous à les surmonter surtout en ce qui concerne le financement de vos activités?

Nos principales difficultés aujourd’hui sont l’accès aux financements, l’accès à un grand domaine sécurisé. L’autre difficulté majeure concerne la non-consommation de nos produits locaux au profit de ceux importés. Nous, nous privilégions des produits sains, biologiques et vendons quand le produit prend de la valeur sur le marché.

Quels sont vos rapports avec les autres producteurs de votre zone voire au-delà ?

Au départ, j’ai toujours voulu faire seul, tout seul. Je me suis rendu compte qu’ensemble on va plus loin et sûrement. J’ai donc fusionné avec d’autres personnes afin d’assoir C.Group L’AGRICULTURE AUTREMENT.

Beaucoup de jeunes chôment. Vous avez quel message à leur passer ?

A l’endroit des jeunes qui chôment, je dirai qu’il n’y a et il n’y aura jamais de sot métier. Tout métier fait avec passion, détermination, rigueur nourrir toujours son Homme. Je suis parti de simple agriculteur mais aujourd’hui je suis  consultant, formateur en agro-pastoral. Les jeunes chôment aujourd’hui, pas nécessairement par manque de moyens mais par manque de détermination.

Quelles sont vos perspectives en matière d’agrobusiness, M. Tchicoto ?

J’ai toujours rêvé d’être un grand enseignant. Je travaille chaque jour pour faire de cela une réalité. Aujourd’hui, le climat de commerce de produits agricoles n’est pas favorable. Nous exhortons l’État à un peu plus de clémence afin de favoriser l’accroissement des PME [Petites et Moyennes Entreprises]. Comme perspective, nous envisageons travailler jusqu’à obtention de la certification de producteur de soja et maïs. Toucher tous les recoins du Bénin avec notre marque est aussi une priorité pour C.GROUP.

Propos recueillis par Emmanuel M. LOCONON

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